HISTORIQUE :
Erik Van den Broeck (Nature-Témoin)
Le
jeudi 20 février 1997, Bernard Magos (Groupe Spéléo Nature-Témoin,
Issirac) agrandit un trou d'une dizaine de centimètres et trouve
l'entrée d'un aven profond, lors d'une de ses prospections dans le
Bois Communal d'Issirac. Il n’a pas de corde avec lui, et rentre
donc pour revenir le soir même avec Marianne, sa compagne, qui
l’attend dehors. Bernard ne revient pas tout de suite, bon
signe...
En effet, il met pied dans une grande salle qui, d’un côté, bute sur un cône d’éboulis mais qui descend vers un grand soutirage donnant sur un porche tout noir. Il avance prudemment vers ce vide et se trouve vite en haut d'un autre puits, qui semble très profond.
En effet, il met pied dans une grande salle qui, d’un côté, bute sur un cône d’éboulis mais qui descend vers un grand soutirage donnant sur un porche tout noir. Il avance prudemment vers ce vide et se trouve vite en haut d'un autre puits, qui semble très profond.
Il
y retourne avec ses amis pour nettoyer la lèvre du puits, mais comme
il reste beaucoup de blocs instables prêts à tomber, ses camarades
considèrent le trou comme trop dangereux. Bernard se retrouve donc
souvent seul pour continuer l’exploration de la suite du gouffre du
Passe-Muraille, qui semble se diriger vers les grands réseaux
d'Orgnac-Issirac.
Ses amis du SCCM (Chilly-Mazarin, Ile-de-France) et Bernard Baudet, ancien président de l’association Nature-Témoin, sont venus topographier jusqu’à -82 m cet aven, situé dans le périmètre classé de l'Aven Orgnac-Issirac. Après des désobstructions, la Salle Gazée au point -91 m est atteinte par des spéléologues Tchèques venus avec l'équipe du SCCM.
Ses amis du SCCM (Chilly-Mazarin, Ile-de-France) et Bernard Baudet, ancien président de l’association Nature-Témoin, sont venus topographier jusqu’à -82 m cet aven, situé dans le périmètre classé de l'Aven Orgnac-Issirac. Après des désobstructions, la Salle Gazée au point -91 m est atteinte par des spéléologues Tchèques venus avec l'équipe du SCCM.
En
2000, à la fin d'un court week-end dans le coin, un copain belge,
Dominique Wadin, est initié au Passe-Muraille. Il met son nez de
l’autre côté du boyau de l’entrée actuelle, là où Bernard
lui disait qu'il n'y avait rien et où c'est bien le dernier endroit
où il serait allé fouiller. Mais ce Dominique avait bien découvert
un soupirail ventilé, et ne voulait plus sortir du trou, alors que
l'on remontait tôt en Belgique le lendemain matin... Son coéquipier
Patrick Soetens n'avait pas d'autre choix que d'ouvrir le soupirail
et ainsi fut découvert le Réseau Dominique... Le 29 juillet 2000,
Patrick Soetens (G.S.
La Cordée, Mouscron,
Belgique) et J.-F. Courtial réalisent la topographie de ce réseau
supérieur.
Nous
nous trouvons à la fin de l’époque d’une ‘guerre spéléo’
des Communes, afin de trouver les plus beaux réseaux et surtout une
autre entrée pour les aménagements touristiques.
Les explorations et les désobstructions dans ce gouffre très gazé se poursuivent donc avec différents coéquipiers, en toute discrétion.)
Les explorations et les désobstructions dans ce gouffre très gazé se poursuivent donc avec différents coéquipiers, en toute discrétion.)
Au
point culminant de ses découvertes, notre Bernard se voit même
exclu de son gouffre, exploration interdite par les Communes, qui
avaient posé un rocher de plusieurs tonnes sur l'entrée. La
garrigue a été rasée au bulldozer, la police faisant la
surveillance.
Avec une bonne cinquantaine de phénomènes karstiques, le potentiel était encore assez grand dans ce coin ensoleillé. Certains étaient prometteurs, avec chaque fois de la désob à la clé. Mais dès qu’il y avait une activité spéléologique un peu assidue, cela réveillait également certains hommes en uniforme bleu, qui gentiment, faisaient dégager !
Au nom de la Science, pourquoi interdire l’exploration, voire la prospection sur une si vaste zone ? Un tas de grottes isolées ne seront peut-être jamais explorées, alors que ça n’intéresse plus personne de trouver des grottes touristiques plus belles qu’ici !
C’est en octobre 2001 que Bernard Magos préconise dans son ‘plaidoyer pour la poursuite de l’exploration des réseaux souterrains protégés : que les mesures de protection prévoient conjointement des dérogations spécifiques pour permettre la poursuite des explorations car il y a tout lieu de penser qu’un réseau aussi grandiose comporte des prolongements à découvrir’... Un premier appel à négocier une réouverture des explorations. 12 Ans plus tard, elle verra le jour !
Quelques années après, notre ami Bernard découvre l’entrée d’un boyau, qui donne sur une étroiture jonctionnant avec... le cône d’éboulis dans la salle sous l’entrée principale du Gouffre du Passe-Muraille !
L’exploration des puits du Réseau Dominique indique des départs vers Labastide, au Nord...
Un trou, même bien camouflé, n’est plus un secret bien gardé : à deux reprises, en 2008 et en 2010, notre association se retrouve avec tout son équipement de cordes et amarrages enlevé par des inconnus.
Avec une bonne cinquantaine de phénomènes karstiques, le potentiel était encore assez grand dans ce coin ensoleillé. Certains étaient prometteurs, avec chaque fois de la désob à la clé. Mais dès qu’il y avait une activité spéléologique un peu assidue, cela réveillait également certains hommes en uniforme bleu, qui gentiment, faisaient dégager !
Au nom de la Science, pourquoi interdire l’exploration, voire la prospection sur une si vaste zone ? Un tas de grottes isolées ne seront peut-être jamais explorées, alors que ça n’intéresse plus personne de trouver des grottes touristiques plus belles qu’ici !
C’est en octobre 2001 que Bernard Magos préconise dans son ‘plaidoyer pour la poursuite de l’exploration des réseaux souterrains protégés : que les mesures de protection prévoient conjointement des dérogations spécifiques pour permettre la poursuite des explorations car il y a tout lieu de penser qu’un réseau aussi grandiose comporte des prolongements à découvrir’... Un premier appel à négocier une réouverture des explorations. 12 Ans plus tard, elle verra le jour !
Quelques années après, notre ami Bernard découvre l’entrée d’un boyau, qui donne sur une étroiture jonctionnant avec... le cône d’éboulis dans la salle sous l’entrée principale du Gouffre du Passe-Muraille !
L’exploration des puits du Réseau Dominique indique des départs vers Labastide, au Nord...
Un trou, même bien camouflé, n’est plus un secret bien gardé : à deux reprises, en 2008 et en 2010, notre association se retrouve avec tout son équipement de cordes et amarrages enlevé par des inconnus.
Sur
une compilation des plans existants (trois en total), nous remarquons
une discordance de 25% entre les échelles quand on superpose tous
les calques, et même une différence de plus de 10 degrés en
azimut! Une retopographie de toute la grotte s'impose, donc.
Notre but est de 'savoir' au moins ce que représente cet aven, question de démystifier ce secret public bien toléré d’accès depuis : je me suis donc attelé à ce projet.
Notre but est de 'savoir' au moins ce que représente cet aven, question de démystifier ce secret public bien toléré d’accès depuis : je me suis donc attelé à ce projet.
Au
printemps 2011, Guido Goossens, Bernard Magos et moi équipons une
traversée autour du grand puits dans l'ancienne partie. Nous
réalisons une bonne centaine de mètres de topographie d'un réseau
parallèle au réseau supérieur, ne pouvant descendre plus profond à
cause du taux CO2
trop élevé, mais surtout.... because les cordes que nous avions
laissées, ont ‘disparu’ une troisième fois. De même pour le
matériel qui était préparé pour descendre le Réseau du Cochon
Irradié.
Ensuite, nous équipons l’Ancien Réseau en goujons M12 et mousquetons industriels en acier jusqu’à -35 m, pour décourager un peu le vol de matériel. Pendant six mois, notre pierre-témoin sur l’entrée nous raconte tout sur la présence de visiteurs dans la grotte.
Ensuite, nous équipons l’Ancien Réseau en goujons M12 et mousquetons industriels en acier jusqu’à -35 m, pour décourager un peu le vol de matériel. Pendant six mois, notre pierre-témoin sur l’entrée nous raconte tout sur la présence de visiteurs dans la grotte.
L'été
2011 s'annonce comme une plongée sans eau dans ce « fluidum »
souterrain plein de gaz carbonique. Notre ami plongeur flamand, Raf
'PapaSpéléo' Vanstaeyen, reconfectionne ses recycleurs de plongée
pour qu'ils puissent être utilisés en spéléo. Test final hors
grotte. J'ai la tête qui tourne après quelques minutes, car je n'ai
pas de pince au nez et j'ai du mal à éviter qu'il y ait de l'air
ambiant qui entre dans le circuit fermé, ce qui va entraîner une
overdose d'azote qui peut même m'empoisonner. Le lendemain,
vérification de la théorie: on devrait être capable de ‘plonger'
dans le boyau sous le Puits Gazé pour un état des lieux autour des
-90 m.
Dans
la salle sous l'entrée, à notre surprise, le taux de CO2
avait presque doublé par rapport à la semaine passée, et le taux
de gaz carbonique dépassait les 3% dans la Grande Descente à -40 m.
Le puits gazé étant fort chargé (3,5%) nous le descendons en
circuit fermé. Pour l'occasion, j'ai des bouchons d'oreille dans le
nez pour éviter un empoisonnement à l'azote. Avec les recycleurs
d'oxygène, nous avons une autonomie d'un peu plus qu'une heure.
La
réalité : comme mon équipement est désolidarisé (bouteille
d'oxygène pur dans le kit sur le dos et filtre attaché devant au
baudrier dorsal, puis les 2 tuyaux vers ma bouche), j'ai du mal à
désescalader le ressaut à -80 m. Pire : dans le boyau, je suis
obligé d'enlever toute mon installation, sinon je ne passe pas dans
la chatière derrière. Mais il m'est impossible de passer les 2
valises à travers la boue liquide à cause du poids (défaut sérieux
et sous-estimé que n'ont pas les plongeurs sous l'eau...) sans
enlever la pièce de la bouche : impossible, et je décide donc
d'aspirer l'air très gazé pendant quelques dizaines de secondes.
Hélas, la pièce prend aussi la flotte et il faut respirer dans un
embout en mangeant de la boue liquide et du sable pendant la demie
heure qui suit! Raf a légèrement plus de facilité, car il a
l'habitude de la plongée, et sa bouteille est attachée à son
filtre avec une sangle à cliquet.
Finalement,
nous voilà à -91 m, dans la cloche au-dessus du P2, et devant
l'étroiture qui nous empêche de passer dans la Salle Gazée, nous
rebroussons chemin car notre bagage est trop encombrant.
La remontée est
pénible, parce que j'ai aussi le kit avec d'autres cordes, matériel
de désob et une perceuse.
Dans
la foulée, Raf ne remarque pas qu'il a perdu son descendeur... Nous
sommes obligés d’y retourner quelques jours après, car il en aura
besoin en expé, et nous descendons encore une fois à -80 m pour le
retrouver devant le boyau infernal. Cette fois ci, on prend chacun
une bouteille d'oxygène plus détendeur, ce qui est moins
encombrant, mais qui ne nous laisse qu’ une autonomie de 15
min seulement.
Comme
nous trouvons des taux de CO2
un peu moins élevés que la dernière fois, on peut se permettre de
respirer un peu de mauvais air, avec en alternance la bouteille
d'oxygène pour ne pas être trop vite empoisonné. Je n'ai pas trop
mal à la tête. Pourtant le gaz me donne énormément de douleurs
dans les os et particulièrement dans le cou.
On décide de profiter de ce moment pour jeter un coup d'oeil dans le P2, vu que l'eau sortant du boyau tombe assez profond dans l'étroiture en-dessous, et que ça résonne bien. Par contre, la descente dans la suite vers le bas ne sera pas possible sans désobstruction !
Avant d’avoir la tête qui tourne trop, nous ne pouvons pas résister à nous faufiler pendant quelques secondes dans le trou qui donne dans l'une des salles les plus magnifiques que j'ai jamais vues sous terre. La salle "Gaz de France" existe bien: on se croit dans une géode énorme, avec des cristallisations partout, dans laquelle il est conseillé de quitter les combis... Nous ne mettons donc pas un pied dedans et nous remontons. Le retour est assez pénible et fatigant à cause de la quantité de gaz respirée.
On décide de profiter de ce moment pour jeter un coup d'oeil dans le P2, vu que l'eau sortant du boyau tombe assez profond dans l'étroiture en-dessous, et que ça résonne bien. Par contre, la descente dans la suite vers le bas ne sera pas possible sans désobstruction !
Avant d’avoir la tête qui tourne trop, nous ne pouvons pas résister à nous faufiler pendant quelques secondes dans le trou qui donne dans l'une des salles les plus magnifiques que j'ai jamais vues sous terre. La salle "Gaz de France" existe bien: on se croit dans une géode énorme, avec des cristallisations partout, dans laquelle il est conseillé de quitter les combis... Nous ne mettons donc pas un pied dedans et nous remontons. Le retour est assez pénible et fatigant à cause de la quantité de gaz respirée.
Par
chance grâce à la haute pression atmosphérique, quelques semaines
après, j’arrive à atteindre la Salle Gaz de France avec Guido de
Keyzer (VVS, Belgique) et nous arrivons même à la topographier,
ainsi que le puits en remontant du fond à -60 m, car il n'y a que
2,95% de CO2.
Dimanche
29 janvier 2012. Topo et déséquipement ; mesure CO2
+ O2.
La pression atmosphérique est de 1013 mBar, et nous n’avons
presque pas eu de pluie depuis l'été : on s'attend à beaucoup
de gaz.
Bernard descend jusqu'au premier puits. Dans la salle sous l'entrée où il y a 2% de CO2 pour 18,9% de O2 il respire déjà mal et ressort.
Je continue avec Mickael Leroy (Ressac-G.A.S.Orgnac). Partout dans les puits je mesure entre 3,5 et 3,8% de gaz carbonique. A -60 m il n'y a que 17,8% d'O2. Pourtant, nous descendons jusqu'au fond pour retrouver de la boue liquide et même de l’eau dans le boyau ! Nous jetons un des derniers cailloux qui restent dans le P2 de l'Echo. Il roule très loin avant de tomber dans un grand vide.
Dans la Salle Gaz de France, mon gazomètre monte très vite au-dessus des 5% de CO2. Nous ne pouvons y rester qu’ à peine 30 secondes, avant de remonter en vitesse le Puits Gazé.
Finalement nous décidons de tout déséquiper, car le zicral des amarrages, surtout les maillons speedy, commencent à former une croûte de calcite. On reprend la topo en remontant de -60 m par visées inverses pendant que Mickael enlève l'équipement.
Bernard descend jusqu'au premier puits. Dans la salle sous l'entrée où il y a 2% de CO2 pour 18,9% de O2 il respire déjà mal et ressort.
Je continue avec Mickael Leroy (Ressac-G.A.S.Orgnac). Partout dans les puits je mesure entre 3,5 et 3,8% de gaz carbonique. A -60 m il n'y a que 17,8% d'O2. Pourtant, nous descendons jusqu'au fond pour retrouver de la boue liquide et même de l’eau dans le boyau ! Nous jetons un des derniers cailloux qui restent dans le P2 de l'Echo. Il roule très loin avant de tomber dans un grand vide.
Dans la Salle Gaz de France, mon gazomètre monte très vite au-dessus des 5% de CO2. Nous ne pouvons y rester qu’ à peine 30 secondes, avant de remonter en vitesse le Puits Gazé.
Finalement nous décidons de tout déséquiper, car le zicral des amarrages, surtout les maillons speedy, commencent à former une croûte de calcite. On reprend la topo en remontant de -60 m par visées inverses pendant que Mickael enlève l'équipement.
Après
le traitement des données topographiques, le haut du puits de l'Echo
se trouve à la profondeur confirmée de -91 m, la descente étant
pénétrable jusqu'à -93 m. La profondeur de la topo de 1997 n’en
était donc pas loin, mais en plan nous avons un réseau qui couvre
une zone nettement plus grande qu'avant: 412 m de développement sous
un carré de 50 x 70 m.
Il serait intéressant de faire un sondage de présence des variétés de diaprysius pour voir la relation avec l'aven avoisinant.
Les coordonnées de l’entrée seront publiées après convention signée par les propriétaires.
A suivre donc...
BIBLIOGRAPHIE :
-tubes n°28. 2014. Erik Van den Broeck. p21 à 26.
TOPO :
Il serait intéressant de faire un sondage de présence des variétés de diaprysius pour voir la relation avec l'aven avoisinant.
Les coordonnées de l’entrée seront publiées après convention signée par les propriétaires.
A suivre donc...
BIBLIOGRAPHIE :
-tubes n°28. 2014. Erik Van den Broeck. p21 à 26.
TOPO :
PHOTOS :
photos: N.Vergez assistant M.Leroy
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